Pour la première fois depuis des décennies, des chercheurs ont découvert en août 2011 une espèce d’oiseau aux États-Unis.
A partir d’un spécimen collecté en 1963 sur l’atoll de Midway, au nord-ouest de l’archipel d’Hawaii, des biologistes ont décrit une nouvelle espèce marine appelée le Puffin de Bryan (Puffinus bryani) en se basant sur des différences morphométriques (de mesures) et phénotypiques (d’apparence).
Les scientifiques du Smithsonian Conservation Biology Institute ont analysé l’ADN du spécimen pour confirmer qu’il s’agissait bien d’une espèce distincte.
Rob Fleischer, responsable du Center for Conservation and Evolutionary Genetics a déclaré : « Généralement, les scientifiques scindent des espèces en deux car l’une d’entre elles a un ADN différent de l’autre.
Il est très rare de découvrir une nouvelle espèce et c’est particulièrement gratifiant lorsque l’ADN permet de confirmer l’hypothèse de départ. C
et oiseau est unique, tant génétiquement que par son apparence, et il est nouveau pour la science ». La majorité des nouvelles espèces décrites depuis le milieu des années 1900 l’ont été dans les forêts tropicales, principalement en Amérique du Sud et Asie du sud. Le Puffin de Bryan est la première nouvelle espèce signalée aux États-Unis et dans les îles hawaïennes depuis le Po-o-uli masqué ou Po`o-uli (Melamprosops phaeosoma) décrit dans les forêts de l’île de Maui en 1974
Le Puffin de Bryan est le plus petit puffin connu. Il est noir et blanc avec un bec noir ou bleu-gris et des pattes bleues. Les biologistes ont trouvé l’oiseau en 1963 dans un terrier sur l’atoll de Midway au sein d’une colonie d’oiseaux marins lors du Pacific Ocean Biological Survey Program.
Peter Pyle, ornithologue à l’Institute for Bird Populations, a récemment examiné le spécimen et a constaté qu’il était trop petit pour être un Puffin semblable (P. assimilis) et que son apparence était distincte.
La divergence entre paires de séquences du Puffin de Bryan par rapport aux autres puffins est élevée (3,8 %). Il est lointainement apparenté au Puffin de Boyd (P. boydi) mais ses ailes et sa queue sont plus courtes. Ses caractéristiques physiques le rapprochent aussi du Puffin d’Audubon (P. lherminieri).
Les chercheurs estiment que le Puffin de Bryan s’est séparé des autres espèces de puffins il y a plus de deux millions d’années.
Ces résultats ont été publiés dans un article intitulé « A New Species of Shearwater (Puffinus) Recorded from Midway Atoll, Northwestern Hawaiian Islands » dans le numéro de juin 2011 du journal Condor.
Les chercheurs ne savent pas encore où se reproduit le Puffin de Bryan. Toutefois, sa ressemblance physique avec le Puffin de Boyd de l’Atlantique Nord (dont le statut taxonomique est controversé au sein du genre Puffinus) suggère une répartition dans les eaux subtropicales ou tropicales.
Les puffins et autres oiseaux marins ne reviennent dans leurs terriers installés sur des îles éloignées que la nuit, et les sites de reproduction de nombreuses espèces n’ont pas encore été trouvés. En outre, des individus isolés prospectent aussi de nouveaux sites potentiels de nidification loin de leur colonie. Le Puffin de Bryan pourrait ainsi nicher loin de Midway, quelque part dans l’Océan Pacifique ou même plus loin.
Peter Pyle précise « nous ne pensons pas que les Puffins de Bryan se reproduisent régulièrement sur Midway ou sur d’autres îles du nord-ouest d’Hawaii étant donné que de nombreuses études sur les oiseaux marins de ces îles ont été menées dans le cadre du Pacific Seabird Project ». Le spécimen trouvé en 1963 est ainsi la seule donnée récoltée lors de ce projet qui s’est déroulé entre 1963 et 1968. Il ajoute : « d’autres Puffins de Bryan auraient été trouvés si l’espèce se reproduisait régulièrement au nord-ouest des îles Hawaii ».
Le site web Wired Science précise toutefois qu’un second spécimen aurait été noté sur Midway en 1990, et que des petits puffins non identifiés sont périodiquement observés en Californie, au Japon et dans le sud du Golfe d’Alaska.
Étant donné que les Puffins de Bryan sont restés inconnus jusqu’à présent, ils sont soit très rares soit ils ont déjà disparu.
Rob Fleischer explique : « Si nous pouvions trouver où cette espèce se reproduit, nous pourrions avoir une chance de la protéger et de prévenir sa disparition. L’analyse génétique nous permet de déterminer si un animal constitue une espèce totalement différente, et c’est une information importante pour établir des priorités de conservation et d’empêcher des disparitions ».
Le Puffin de Bryan a été nommé d’après Edwin Horace Bryan Jr., conservateur des collections du B.P. Bishop Museum d’Honolulu entre 1919 et 1968.
Le Smithsonian Conservation Biology Institute joue un rôle clé dans les efforts de protection et d’étude des espèces au niveau mondial et dans la formation des futures générations de conservateurs. Basé à Front Royal en Virginie, il facilite des programmes de recherches à Front Royal, dans le National Zoo de Washington et dans des stations de recherches sur le terrain et des sites de formation dans le monde entier.
Sources :
– Smithsonian National Zoological Park 2011). Smithsonian Scientists Confirm New Species of Seabird Discovered in the Hawaiian Islands. http://nationalzoo.si.edu
– Peter Pyle, Andreanna J. Welch et Robert C Fleischer (2011). A new species of shearwater (Puffinus) recorded from Midway Atoll, northwestern Hawaiian Islands. Juin. Condor. http://www.jstor.org/stoken/ucaltoken/g79mEJWhxRDtNKQQ7MuD/full
– Brandon Keim (2011). Ornithologists Find First New U.S. Bird in 37 Years. Wired. Date de mise à jour : 26/08. http://www.wired.com/wiredscience/2011/08/new-shearwater-species/
(d’après Ornithomédia)