Dimanche 22 septembre
Après cette nuit d’averse qui a bien détrempé la forêt alentour, et apparemment, sans visite de Sasquatch, impossible de chauffer de l’eau pour le petit-déjeuner : le bec de gaz que les jumeaux avaient emmené ne s’adapte pas à ma bonbonne de gaz ! On se contente donc de jus d’orange, de fromage et de pain.
Nous décidons d’aller faire des courses, notamment pour acheter des becs qui conviennent à mes bonbonnes de gaz.
J’en profite pour faire un tour de la région, façon de leur montrer du pays.
Au retour, hélas, nous avons subi un accident de voiture : j’ai quitté la route (en fait je me suis assoupi sans m’en rendre compte) pour me retrouver au fossé.
La voiture ? On n’en parle plus (heureusement que j’ai une assurance full option !). Par chance, pas de blessés malgré une chute dans le ravin ! Heureusement nous avons été retenus par un poteau.
J’arrête un automobiliste qui aimablement prévient la police.
La première à arriver sur les lieux est une jeune et jolie constable, Ashley, suivie par un de ses collègues.
Constat de police, bien sûr.
Ensuite Ashley nous embarque dans son 4×4 de service, les 2 jeunes à l’arrière, à la place des criminels, et moi à côté du chauffeur.
Elle nous amène à un motel pour la nuit, le temps que nous nous retournions. (Je ne crois pas qu’aucun policier chez nous aurait agi de même).
Durant le trajet, nous entamons une conversation très détendue : d’où venons-nous, que venons-nous faire si loin. Elle me dit que plusieurs personnes ont croisé des Bigfoots.
La gérante du motel se révélera aussi une personne exceptionnelle, toujours disponible pour m’aider dans mes démarches : location d’un véhicule de dépannage chez le seul loueur local, contact avec la compagnie de location à Vancouver, etc…
Cependant mes deux jeunes ressortent malgré tout apparemment assez secoués.
Au motel on nous donne une suite : les frères occupent une chambre et moi l’autre qui fait aussi office de cuisine rudimentaire.
Le soir au restaurant, ils restent silencieux et ne touchent pas à leur assiette, j’essaie de les rassurer en leur disant que l’on peut repartir, que cet accident n’est en fait qu’un incident puisqu’il n’y a pas eu de dommages autres que matériels, que je vais retourner à Vancouver dès que possible et louer un nouveau véhicule, et qu’en rien la suite de l’aventure n’est mise en péril.
Ils me déclarent qu’ils sont bien décidés à rentrer en France, chez papa-maman. J’essaie encore de les rassurer et de les convaincre de rester, mais rien n’y fait : « On veut rentrer chez nous ! ».
En tout cas, ils n’ont pas l’esprit d’aventuriers, ça c’est sûr.
C’est décevant de venir si loin pour repartir aussitôt.
Lundi 23 septembre
Des démarches administratives à faire toute la matinée et notamment louer un nouveau véhicule de dépannage pour quelques jours.
Vers la fin de la journée, avec la Yaris de dépannage louée en attendant de pouvoir me rendre à Vancouver pour reprendre un nouveau 4×4, nous nous rendons au camp pour démonter. J’en profite pour tenter de les convaincre à nouveau de rester en leur montrant le terrain de camping que nous avons occupé en 2008 et 2009 et où j’ai eu mes contacts en leur proposant d’y déménager. Le soleil brille et l’endroit est superbe : Rob a aménagé l’endroit qui est devenu très convivial tout en gardant son caractère rustique et forestier puis nous nous rendons à notre camp.
La voiture, en raison de sa caisse trop basse, ne parvient pas à s’engager dans le chemin forestier empierré qui mène au camp sans choper sur les cailloux. Nous l’abandonnons donc à l’entrée et faisons le kilomètre à pied. En cours de route, je leur propose d’imiter le cri du Sasquatch et de voir si nous obtenons une réponse comme j’en avais obtenu en 2008. Je m’exécute et nous pouvons percevoir une réponse mais à très grande distance.
Arrivés au camp nous avons la bonne surprise de découvrir que tout notre matériel s’y trouve, y compris nos appareils techniques (appareils photo, appareils de vision nocturne, enregistreur, micros, etc…), bien que des traces de roues indiquent qu’un véhicule est venu jusque là en notre absence.
Les jumeaux avaient aussi eu la crainte du vol, mais je les avais rassurés en disant qu’ici personne n’était intéressé par du matériel de camping, que tout le monde en possède et que nous risquions peu d’être volés.
Je découvre aussi qu’une piste fraîche part du camp et se dirige vers la forêt sur une centaine de mètres. Je la montre aux jumeaux et Vincent et moi nous la suivant : humain (en liaison avec les traces de pneus) ou sasquatch ? Impossible de le dire.
Nous mettons plus de deux heures à replier les tentes, à empaqueter et à laisser l’endroit comme nous l’avons trouvé. Il nous faudra encore une demi-heure pour rejoindre la voiture.
Entretemps la nuit est tombée et c’est dans le noir que nous rentrons au motel.
(A suivre)