ADAPTABILITÉ. Après le caméléon qui change de couleur, voici la grenouille qui change la texture de sa peau. Une nouvelle espèce d’amphibien (Pristimantis mutabilis), vivant dans les Andes en Équateur, modifie en quelques secondes sa peau, passant d’un aspect recouvert de pics (tuberculé) à lisse. Et vice-versa. Les résultats de l’étude, publiée le 24 mars 2015 dans la revue Zoological Journal of the Linnean Society, montrent que cette grenouille change de peau en 330 secondes soit environ 5 minutes. Peau lissée, grenouille stressée Les chercheurs de l’étude, Katherine Krynak, de l’université de Case Western Reserve et son mari Tim Krynak ont découvert cette espèce en 2006 : toutes les grenouilles trouvées présentaient un aspect hirsute dans leur milieu naturel. Mais une fois capturées, surprise ! Leur peau est devenue lisse. Remises en contact avec de la mousse (rappelant leur forêt d’origine), elles redevenaient spinescentes. La vitesse à laquelle la peau se modifie suppose que le changement serait plutôt dû au stress. Cependant, l’aspect hirsute leur permet de se cacher dans la végétation, se confondant avec les détritus naturels pour se protéger des prédateurs. De ce fait, les chercheurs pensent que la variation d’humidité peut aussi influencer le phénomène. Même si la variation de la peau a déjà été observée chez les amphibiens, cette cause est unique. En effet, la variation est souvent liée au dimorphisme sexuel : le mâle présente une peau plus granuleuse ou de couleur différente de celle de la femelle de façon permanente ou durant la période de reproduction. Mais ici, rien de tout cela : les chercheurs ont observé mâles et femelles, et les deux changent de peau. TEST. À la suite d’une analyse morphologique, les biologistes ont classé cette grenouille « transformer » au groupe Pristimantis myersi. Une analyse génétique comparant toutes les espèces de ce groupe a pourtant montré que cette grenouille est éloignée de Pristimantis verecundus, supposée être sa plus proche parente. Plus surprenant encore, les chercheurs ont aussi trouvé cette plasticité de peau chez une autre espèce, Pristimantis sobetes qui appartient pourtant à un groupe différent, celui des Pristimantis surdus. Cela signifie que cette particularité est peut-être plus commune que prévu mais aussi que plusieurs scénarios évolutifs sont envisageables. Le classement des amphibiens remis en cause Cette modification de la texture de la peau est très rare. Les chercheurs le reprochent à la méthode utilisée par la taxonomie pour identifier de nouvelles espèces. En effet, les taxinomistes utilisent la structure de la peau des amphibiens tel que l’absence ou présence de tubercules comme un trait d’identification d’une espèce. De plus, ils se basent bien souvent sur un seul et unique spécimen, considérant ainsi que les variations de la peau sont liées au dimorphisme dans la majeure partie des cas. De ce fait, ce phénomène est peu être plus commun que prévu mais jamais été pris en compte jusqu’alors. Les chercheurs de cette étude recommandent ainsi aux taxinomistes de photographier les animaux dans les milieux naturels avant la capture afin de vérifier si cette modification est présente chez d’autres amphibiens. Pour retrouver l’article : Sciences & Avenir Indiquez votre nom et e-mail pour lire l'article entier, et téléchargez ensuite votre cadeau de bienvenue.
Vos coordonnées sont pour notre usage interne et ne seront ni vendues ni échangées avec des tiers.