La chauve-souris inconnue conserve ses mystères
Par J.-Ph.L.
Mais quelle est donc cette espèce de chauve-souris entendue en 2009 mais toujours pas identifiée?
Une mission scientifique vient de tenter d’en savoir un peu plus. Elle conserve, pour le moment, tous ses mystères.
Une quatrième espèce de chauve-souris vivrait à la Réunion.
Jusqu’à la mission de la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères en 2009, trois espèces se disputaient le territoire. Parmi elles, le Petit Molosse. Seul mammifère endémique de la Réunion, il est aussi doté d’un appétit costaud. Jugez plutôt : il peut dévorer l’équivalent de 3000 moustiques en une nuit ! À ses côtés, le Taphien de Maurice et la Roussette noire. La première raffole également des insectes alors que la seconde contribue à la dissémination des graines de fruits dont elle fait une composante essentielle de ses repas.
Ce tableau parfaitement connu des chiroptères a été troublé lorsque les scientifiques ont enregistré, en 2009, des ultrasons différents de ces espèces. «Les signaux enregistrés ne correspondaient ni à ceux du petit molosse, ni au Taphien de Maurice ni à la Roussette Noire», indiquent Sarah Fourrasté et Gildas Monnier.
Tous les deux membres du groupe Chiroptère océan Indien, ils viennent de conclure une nouvelle mission d’identification pour le compte du Parc National.
18 écoutes caractéristiques
De nombreuses questions se posent sur cette espèce pour le moment baptisée «Chiroptera sp1».
Serait-ce la résurrection de la chauve-souris des hauts dont la dernière observation date de 1902 ?
«C’est ce que tout le monde aimerait. L’hypothèse a été émise dans un article scientifique de 2015. Mais cela poserait de sacrées questions», tranche Gildas Monnier.
Pendant un an, il a tenté d’identifier avec Sarah Fourrasté la chauve-souris mystérieuse. Ils ont multiplié les sorties nocturnes équipés de leur détecteur d’ultrasons.
51 points d’écoute ont été réalisés dans l’île, essentiellement dans l’Ouest. Et à 18 reprises, les ultrasons caractéristiques de cette chauve-souris ont été répertoriés.
Les deux chargés de mission se sont ensuite formés pour obtenir toutes les autorisations nécessaires à la capture de ces mammifères protégés.
Ils ont tendu des filets jusqu’à 16,50 mètres de haut. Une hauteur qui semble correspondre à l’altitude de croisière de Chiroptera sp1 qui vole rarement en dessous de 10 mètres. Mais l’espèce recherchée n’a pas pu être capturée.
La chauve-souris mystérieuse garde pour le moment ses secrets.
La mission a toutefois permis de poser de nouvelles bases de connaissance.
«Cette espèce n’appartient probablement pas à la famille des Molossidés comme le Petit Molosse de La Réunion, ni à la famille des Emballonuridés comme le Taphien de Maurice», indiquent les deux scientifiques.
À peine a-t-on appris que les enregistrements acoustiques rapprocheraient cette chauve-souris de la famille des Vespertillionidés, une des 18 familles de chauve-souris répertoriées dans le monde. «Mais cela reste à confirmer», précisent Sarah Fourrasté et Gildas Monnier.
Pour percer le mystère de Chiroptera sp1, il faudrait l’attraper et donc mettre en place une nouvelle mission. D’autant que d’autres enregistrement d’ultrasons interroge sur la potentielle présence d’une cinquième espèce de chauve-souris mystérieuse.
Des discussions sont justement en cours avec le Parc national. Mystère à suivre…
(Pour lire l’article original : Clicanoo.re )