Un nouveau courant est en train d’émerger, parmi les gens qui s’intéressent à la cryptozoologie, et qui écrivent sur le sujet (production de livres, sites Internet, documentaires), avec ce que l’on pourrait appeler de la cryptozoologie paranormale, qui considérerait que certaines entités auraient une nature relevant intégralement du domaine du paranormal, ou bien qu’elles auraient une dimension mixte (physique et paranormale), ce qui viendrait ajouter une nouvelle version aux trois précédemment évoquées selon laquelle certaines entités (notamment les célèbres Bigfoots et autres velus apparentés, mais aussi les Wolfmen et consorts) ne seraient pas des êtres simplement biologiques, mais aussi d’une autre nature, soit hybride, ou bien même purement non physique.
Du paranormal dans la cryptozoologie
Détail intéressant, il y aurait donc l’entrée du paranormal dans la
Cryptozoologie, de la même façon, mais avec un léger décalage temporel, que ce n’est le cas en Ufologie, où certains acteurs du domaine voient ces phénomènes comme des manifestations à la fois physiques et d’une autre nature (qui n’est pas physique, au sens humain du terme), et dont Jacques Vallée aura été un des premiers à aborder cette possibilité, notamment au travers de trois de ses livres (Dimensions, Confrontations, Révélations).
Qui plus est, commencent à remonter des observations mixtes, c’est à dire des observations simultanées, ou bien peu décalées dans le temps (quelques heures), mais identiques en matière de lieu précis, de cryptides et d’UFOs.
Le raisonnement tenu, pour avancer cette hypothèse, serait le constat que l’abondance des observations est accompagnée de la quasi absence de traces physiques, sauf des empreintes (qui restent à confirmer dans leur authenticité et leur attribution), mais jamais de quoi obtenir une analyse ADN (squelette, poils, déjections, etc.) qui soit décisive.
Quel est le saut déductif derrière ce raisonnement ?
Et les auteurs de ce raisonnement font donc ce saut déductif : pas de traces physiques indiscutables, mais grand nombre d’observations, de même que des manifestations non physiques, ou bien partiellement physiques. Ajoutez à cela quelques témoignages d’observations avec des apparitions-disparitions en pleine vue, et la déduction est vite faite.
Là, je ne me fais que le rapporteur de cette « école », en matière de cryptozoologie, juste à titre d’information sur ce qui semble faire son chemin outre-Atlantique, mais aussi, en Grande-Bretagne.
J’évoquais, anecdotiquement, un même glissement, dans un autre domaine, celui de l’Ufologie, où les éléments périphériques (dont les MIB (Men in Black) et autres participants au contexte), sont de plus en plus assimilés au monde du surnaturel, du paranormal, (« you name it », comme disent les Anglo-saxons).
De fait, se produit une sorte de convergence, de dynamique vers un syncrétisme, de la part de certains auteurs, livres, sites, etc., où la cryptozoologie paranormale (puisque certains la voudraient ainsi), l’ufologie paranormale (faute d’un autre terme), et le paranormal classique (esprits et tout le catalogue connu) seraient des manifestations différentes d’une même source unique, pour le dire en peu de mots.
On a raison de souligner que cette évolution, surtout marquée dans le monde anglo-saxon, mais qui va ensuite finir par monter en puissance dans le monde francophone, puisque ce qui commence chez les autres arrive ensuite chez nous, avec un décalage de quelques années, ne va pas améliorer les représentations du grand public, et plus encore celles des scientifiques, en ce qui concerne la cryptozoologie.
Surtout que, déjà, dans le monde francophone, il y a aurait une tendance, de la part de certains, à notamment faire un amalgame entre la cryptozoologie, l’ufologie, et d’autres « pseudos-sciences » (pour employer le grand terme dévaluateur et stigmatisant), amalgame auquel je n’adhère pas en ce qui concerne la cryptozoologie, mais aussi la cryptobotanique.
Découpler et différencier la cryptozoologie « normale » de l’autre cryptozoologie
Il n’empêche que cela obligera, tôt ou tard, à bien découpler et différencier la cryptozoologie « normale » (s’occupant des êtres biologiques, et qui ne sont rien que cela) de l’autre cryptozoologie, sans la moindre ambiguïté (tant les amalgames vont vite par chez nous, et jamais dans le bon sens), et cela, à tous les niveaux : travaux, publications, expéditions, prises de positions ; et surtout, vis à vis des médias, toujours bien plus intéressés par le spectaculaire pavlovien (de l’émotion, du drame, du mystère, et une bonne dose de polémique, pour bien faire monter l’audimat) que par l’information raisonnée.
Nous sommes loin du « Magazine des Explorateurs », à la télévision, de nos jours, et je prends cet exemple pour les plus anciens de ce groupe, qui se souviendront peut-être de cette émission des années 50-60.
L’astronomie a su marquer sa différence avec l’astrologie, il nous faudra en faire de même, pour la cryptozoologie normale, pas pour nous, mais pour ceux qui en entendraient parler et voudraient en savoir plus.
Nous ne cherchons pas le spectacle, ni même le spectaculaire, et c’est bien ainsi, ce qui n’empêche pas la réalité de bien souvent dépasser la fiction, et tant mieux.