Sasquatch 2012
Mardi 8 mai 2012
Je suis arrivé vers 20 heures à Vancouver après 9h30 de vol sans histoire. Arrivé à l’hôtel je contacte mon ami Paul LeBlond : il m’attendra à l’arrivée du ferry le lendemain fin de matinée.
Mercredi 9 mai 2012
Arrivée chez Paul.
Je vais récupérer les quelques affaires que j’y ai laissées l’année dernière.
Demain nous irons à Victoria où j’ai loué une voiture.
Vendredi 11 mai 2012
Je suis arrivé hier à ma destination sur l’île de Vancouver à quelques heures de route de Victoria, la capitale de Colombie Britannique. J’ai pris une chambre dans un motel.
Avant de partir j’avais écrit un message sur la mailing list de mon ami Lee pour l’informer que je projetais de venir sur l’île de Vancouver et que j’aimerais rencontrer des collègues.
A mon arrivée en Colombie Britannique j’ai reçu une réponse d’une dénommée Cindy qui connaît donc Lee et son ami Josh (dont les parents m’ont hébergé dans leur caravane l’année passée). J’ai pris contact avec elle et elle s’est présentée à la réception une demi-heure après mon arrivée.
Elle est venue avec des cartes pour me montrer différents lieux intéressants. Elle fut impressionnée par mon matos dont elle ne s’attendait pas. Je suppose qu’elle croyait que j’étais un simple curieux sans expérience en la matière et pas à un traqueur « expérimenté ».
Demain matin je dois renouveler mon abonnement de téléphone portable canadien, acheter des piles pour mes appareils et divers matériels, mais Cindy m’a dit de ne pas faire trop de dépenses en matos de camping car elle pouvait m’en prêter.
Samedi 12 mai
J’ai passé la journée à faire des courses. Ce soir Cindy et moi sommes allés en forêt, je n’ai rien vu de spécial sauf de magnifiques paysages.
Dimanche 13 mai
Je suis donc hébergé par Cindy. Je découvre qu’elle pratique de nombreuses activités extérieures (chasse, pêche, randonnée, camping). Elle a une chienne et une chatte qui m’ont tout de suite adopté.
Je passe les journées et les soirées de lundi et de mardi à explorer la région a la recherche de « bons coins » à Bigfoot dans des zones où il y a eu des observations.
J’ai eu quelques problèmes avec ma carte Visa car je suis arrivé à la limite de ma ligne de crédit : en effet j’ai dû acheter une caméra vidéo, la mienne (une vieille Sony Hi8) étant tombée en panne dès le premier jour. J’ai trouvé une affaire pour 700 dollars canadiens (630 € environ) un appareil en promotion (Sony HDR-CX550) qui est vendu minimum 900 € en Europe (soit une économie de 270 € !) et sur lequel je peux fixer mes appareils de vision nocturne. C’est exactement l’appareil que je souhaitais trouver.
Mercredi 16 mai
Nous sommes d’abord passés chez Lee pour prendre certains documents de travail et la localisation des camps. Il en avait prévu 3 mais seuls 2 seront effectifs : le camp 1 sera constitué de Lee, Josh et Gina, la femme de Lee (si celle-là n’a pas de sang amérindien….) et le camp 3 de Cindy et de moi.
Les camps sont distants de quelque 3 km par la route mais 1 km par le lac.
Nous rejoignons le camp 3, les autres viendront demain.
La vue sur le lac est fabuleuse. Le lac d’abord est d’un calme sauvage et sans aucun bateau; il est suivi d’une zone forestière à flanc de montagne dont les sommets sont encore enneigés.
L’emplacement du camp est visiblement régulièrement occupé, car des campeurs précédents y ont laissé une table faite d’un vieux sommier de lit recouvert de planches de triplex, une autre table a été créée sur la souche d’un arbre abattu. Un cercle de pierre délimite le foyer pour un feu.
Un embarcadère rudimentaire est même construit pour accoster des embarcations et à quelques encablures un ponton qui nous servira de dépotoir afin d’éloigner nos poubelles de la curiosité des ours.
Tentes montées, nous nous rendons au camp 1 pour préparer une mise en scène : une tente d’enfant, un vêtement qui pend à un fil et un feu qui est préparé, etc… Cette mise en scène est censée attiser la curiosité d’un sasquatch. Les autres n’y viendront que demain.
De retour au camp Cindy prépare le repas : coquilles St Jacques, saumon fumé, pâtes, haricots mange-tout, poivrons, crevettes, petits oignons, thon, le tout cuit à l’eau et assaisonné. Je l’aide à préparer le souper en coupant les légumes, notamment.
Pour avaler ce très bon repas nous nous installons devant le lac où nous deviserons de choses et d’autres, dont du Sasquatch avant d’aller nous coucher vers 22h30.
Jeudi 17 mai
Réveil à 7h30. Rien n’est venu perturber le camp cette nuit.
J’ai plus ou moins bien dormi dans mon «sarcophage ». Ce matin Cindy me tire de mon sommeil en criant qu’elle a trouvé quelque chose, que nous avons eu de la visite cette nuit. Je m’extrais de mon sac, enfile vite fait un pantalon, chausse mes chaussures et vais voir ce qu’elle a trouvé.
Il est 7h30 et il ne fait pas des plus chauds. En fait, sa découverte – une vague forme d’empreinte sur le chemin – est loin d’être concluante, il se pourrait que ce soit la marque de mon pied car je me suis rendu dans cette zone hier soir.
Je pars explorer la zone, mais ne découvre rien de spécial malgré avoir entendu plusieurs craquements de branches dont je ne sais l’origine. Dans une clairière où il y avait une mare asséchée je me suis assis adossé à une souche et ai attendu pour voir. Soudain un bruit près de moi et je vois arriver une grouse (lagopède) gros comme une perdrix qui ira jusqu’à avancer tranquillement en picorant jusqu’à 3 m de moi ! Malheureusement ma caméra n’est pas prête et je n’ose bouger.
De retour au camp, Cindy me dit que les autres sont arrivés et qu’ils vont venir nous rendre visite. Ce qu’ils font bientôt.
Ce soir nous irons souper dans leur camp et passer la soirée avec eux autour du feu avant de rentrer dormir à notre camp.
J’ai dormi comme un bébé. Après avoir fait un brin de toilette, bu une tasse de thé et mangé un muffin me voilà fin prêt pour partir en exploration.
Dans mon exploration d’hier j’avais découvert une nouvelle « logging road » et je décide d’aller la parcourir, question de voir si je trouverai des traces.
Je remonte la route mais ne trouve que des traces de cerf à queue noire. Je décide de me poster en contrebas de la route dans les branches d’un sapin de Douglas abattu, face à une mare. Rien. Je décide au bout d’une heure d’entrer dans le bois, mais à part une grouse et quelques oiseaux je ne croise aucun animal. Je décide de quitter la zone.
Au retour je croise la route du Silverado noir de Lee : Lee et Josh vont inspecter une zone et me reprendront au camp dans quelques minutes.
Nous nous rendons dans plusieurs endroits dont à l’emplacement où aurait dû être le camp deux, un endroit d’où on prut observer un large territoire; Josh apercevra un couguar, trop rapide pour que Lee et moi le voyions, nous croisons aussi le chemin d’une biche attendant visiblement un heureux événement, nous la recroiserons plus tard et elle remontera le flanc de la colline à travers une coupe pour rejoindre la ligne des arbres. A part ça pas de Bigfoot en vue.
Nous rentrons. Ils me déposent au camp avant de rejoindre le leur.
Cindy m’annonce que ce soir nous rejoindrons le camp 1 en traversant en canoë la portion du lac qui nous sépare.
Une nouvelle expérience pour moi, car je n’ai jamais embarqué sur un canoë.
Nous embarquons nourriture et chaises pliantes ainsi que mes appareils en vue d’une sortie nocturne.
Quand nous mettons le canoë à l’eau il commence à pleuvoir. Nous mettons une vingtaine de minutes à rejoindre le camp 1. Cindy me dit au milieu du lac que nous avons oublié de prendre des bières, tant pis.
Les 2 femmes s’activent à préparer le repas dont nous avons apporté une partie pendant que nous nous affairons à tendre des bâches tout autour de la zone du feu.
La soirée se passe à bavarder autour du feu, sous la pluie qui tombe drue jusque minuit environ. La sortie nocturne est reportée à une autre fois. Lee nous ramène au camp. La pluie a cessé et tout est mouillé.
Je ne sais pas en me mettant au lit que le lendemain sera LE jour de l’expédition.
Samedi 19 mai
Josh, Lee et moi sommes partis en exploration alors que les 2 femmes partaient de leur côté.
Après avoir revisité la nouvelle logging road et n’y avoir trouvé que des empreintes de cerfs à queue noire (« chevreuil’), nous prenons la forêt et grimpons un coteau par un sentier animalier avant de descendre vers la rivière qui se précipite en contrebas.
Lorsque je m’engage sur l’étroit sentier creusé année après année par le gibier, je découvre ce qui paraît furieusement ressembler à une empreinte de pied nu, suivie d’une seconde, puis d’une suivante.
J’appelle les 2 autres qui me suivent et confirment mon impression. Nous prenons photos et mesures (40X20 cm environ) puis nous reprenons la descente vers un accès à l’eau qui constitue un excellent point d’abreuvage.
Nous décidons d’y placer une de mes 2 caméras piège optique, mais nous devons aller les chercher dans le Silverado garé sur la nouvelle route forestière et pour ce faire nous devons traverser la rivière sur un tronc d’arbre abattu en travers, le passage à gué étant totalement impossible. Entretemps nous récupérons les 2 filles et les amenons sur le lieu de notre découverte et pendant que Lee et Josh les y conduisent, je m’occupe à placer la caméra direction la zone d’abreuvage : dans 2 semaines Lee viendra relever les photos.
Je croise les doigts d’avoir fait les bons réglages et que l’appareil fonctionnera et qu’ensuite il nous permettra d’avoir des photos de Sasquatch. Peu de chance que quelqu’un vienne nous le voler vu la difficulté d’accès à la zone et le peu de monde qui vient dans la région.
Ce soir après un bon repas en commun (chili con carne amélioré) nous décidons d’une virée nocturne. Nous visitons deux endroits et Josh et moi allons de notre imitation de cris de sasquatch. Au second poste nous obtenons en réponse un cri que j’identifie comme celui probable d’un rapace nocturne mais aussi deux woodknocks (coups sur les arbres), hélas, très loin dans la forêt.
Nous terminons ici la journée, satisfaits.
Dimanche 20 mai
Jour de départ et de démontage, sous la pluie ! Ce qui n’est pas agréable et salissant : comment garder une tente propre et sèche alors qu’ humide il faut la replier en la posant sur le sol… impossible !
Cindy me réveille en m’annonçant que nous avons sans doute eux de la visite cette nuit et de me montrer ce qui en effet pourrait passer pour une empreinte de pied nu de bonne taille, toutefois elle n’est pas assez nette pour en être totalement sûr.
Après avoir remballés nous allons aider les autres à démonter leur camp.
Gina nous dit qu’elle a découvert des empreintes de loup fraîches en bordure du camp et de fait 2 magnifiques empreintes de grand canidé sont imprimées dans la boue à l’entrée du camp et sont dirigées vers la forêt.
Et ce qui est étrange est que Gina nous dit avoir entendu que l’on remuait le canoë de Cindy que les garçons sont venu emprunter la veille pour une virée sur le lac, sans doute le loup qui cherchait quelque chose pour se nourrir. Mais ce qui est encore plus étrange est qu’elle prétend avoir entendu une voix de femme qui chantonnait. Il s’agissait donc certainement de la visite d’un loup-garou lui dis-je en plaisantant. Voilà un curieux mystère.
Nous quittons notre zone vers 15h30 pour rentrer : une heure de route.
Ce soir, je quitte la maison de Cindy pour rejoindre le motel.
Lundi 21 mai
Problèmes de carte de Visa enfin résolus.
J’avais l’intention de visiter le Strathcona Provincial Park qui est immense, mais arrivé à quelque 1400 m d’altitude, je me rends compte qu’il y a encore pas mal de neige, qu’il fait 6°C et qu’il pleut. Donc je décide de redescendre plus bas, vers 600 m, et d’emprunter une logging road qui m’amène au bord d’une rivière tumultueuse qu’enjambait un pont aujourd’hui disparu : pas question de ce fait d’aller visiter l’autre rive, je ne suis pas équipé pour traverser le torrent. C’est un peu dommage car l’autre rive boisée m’attire beaucoup. Je me contenterai d’explorer la rive gauche.
Une forêt de pins marécageuse où seuls les « choux puants » sont en fleur d’un beau et qui par endroit est encore couverte de pas mal de neige.
Il pleut à verse maintenant.
Je m’enfonce dans cette forêt « enchantée » digne d’un conte de fée, une apparition de loup, d’ours ou de Bigfoot aurait sa place. J’atteins les rives sauvages d’un petit lac. Je n’ai croisé âme qui vive mais au retour je trouve une zone pas mal ravagée qui me rappelle beaucoup celle que nous avons découverte l’an passée Lee, Josh et moi : arbres cassés et écorchés.
Certainement que les cerfs ont une part de responsabilité mais pas seulement vu la hauteur de certaines cassures. Je découvre encore un autre tronc brisé dans un endroit protégé du vent par une paroi rocheuse sur les berges de la rivière.
Mardi 22 mai
La découverte du jour, dans la montagne, fut un arbre fraîchement brisé à hauteur d’homme à 6 m d’une branche de sapin de Douglas placé dans la fourche d’un jeune bouleau, fourche d’ailleurs cassée, à bonne distance de tout sapin de Douglas, ce qui rend la présence de cette branche insolite à cet endroit et position.
Ce soir je suis allé visiter le nouveau commerce de Josh : un café de jeux vidéo fréquenté surtout par des ados. Il paraîtrait qu’il serait le seul sur toute l’île. J’y ai passé la soirée, non pas à jouer mais à discuter et à boire du moka.
Mercredi 23 mai
Rien de spécial sinon que j’ai filmé des cerfs à queue noire au retour et une grouse qui s’est posée sur le chemin devant ma voiture, vraiment pas concernée par la présence de la voiture dont elle ne se souciait pas malgré le bruit du moteur.
Vendredi 25 mai
Ai découvert 4 « popos » d’ours mais n’ai pas rencontré leur auteur. Pas traces de sasquatch. Par contre j’ai reçu un joli lot de consolation. Je passais prés d’un bois de conifères lorsque mon regard découvrit un écureuil de Douglas sur le tronc d’un pin, la moitié de la taille de notre écureuil. Il me voit, je branche la caméra et voilà qu’il se rapproche à moins de 4 m de moi et commence à faire tout un numéro de cabotin : « et je cours à gauche et je cours à droite et je me gratte et je ramasse quelque chose que je viens manger devant la caméra bien assis sur mon derrière. » Cela a duré bien 10 minutes avant qu’il ne s’en aille en bondissant entre les racines.
J’aime ces petits cadeaux magiques de la nature.
Samedi 26 mai
Retour à Victoria pour rendre la voiture. Je passerai le reste de la journée dans la ville.
Dimanche 27 mai
Retour chez Paul avant mon retour.
Lundi 28 mai
Retour en Belgique, via Amsterdam, sans problèmes. Arrivée à Bruxelles à 20h10 où mon frère m’attend.