Sasquatch 2007 : Retour au Texas
Nous sommes donc repartis cette année pour le Texas dans l’espoir de revenir avec de nouveaux indices et notamment des documents visuels nocturnes.
Bien sûr les objectifs des années précédentes était toujours d’actualité.
L’Equipe
L’équipe était composée du noyau dur des années précédentes : Dr. Léon B., Benoît LEURQUIN et Eric JOYE, auxquels viendront s’ajouter 2 novices sur le terrain….
Philippe COUDRAY – Dessinateur des relevés et responsible du journal de bord du camp 2 (47 ans – Français – Dessinateur)
Philippe a un bac en sciences naturelles et une expérience de terrain en ornithologie et photoraphies d?oiseaux, ce qui est, comme chacun sait, un art difficile.
Il est par ailleurs scénariste et dessinateur de BD, artiste-peintre. Au passage, allez jeter un petit coup d’oeil sur son site, vous vous amuserez beaucoup.
S. F. (il préfère garder l’anonymat) – Responsable des prélèvements (Belge – Vétérinaire) . S.F est un vétérinaire qui connaît bien son métier et comme il était nouveau venu dans le domaine il a joué le rôle du sceptique mais avec ouverture d’esprit.
« Je ne dis pas que le Bigfoot existe, mais je ne dis pas non plus qu’il n’existe pas : j’attends de voir des éléments qui pourront me convaincre ».
Voilà quelle était sa position dès le départ.
L’Expédition
Lundi 21 mai.
Donc nous voilà partis à quatre pour le Texas pour cette nouvelle expédition.
Quelques petites tracasseries administratives à Londres et 9 heures plus tard nous débarquons à Houston. Nous y perdons un temps fou à choisir une voiture car celle que nous avions réservée était trop petite pour tous nos bagages. Ensuite nous faisons quelques courses et enfin nous nous dirigeons vers la Sam Houston National Forest (SHNF).
Nous montons les tentes dans la nuit. Nous avons changé d’endroit par rapport aux années précédentes, car nous avons trouvé du verre au sol à l’endroit habituel. L’emplacement que nous choisissons est une clairière un peu en retrait de la route et située à quelques mètres de notre précédent emplacement.
Mardi 22 mai
Cette nuit il a plu de 4h à 6h et à 7h nous avons subi un orage. On appelle cela là-bas une tempête tropicale. Un tronc d’arbre pourri s’est écroulé juste derrière la tente de F.S.; heureusement sans dégât. L’après-midi nous avons décidé de partir vers la grande mare que nous avions découverte l’année passée et dont le sable de la plage était crevé d’empreintes de cerfs et de cochons sauvages.
Je prends rapidement l’avance sur mes compagnons car je n’aime pas beaucoup les déplacements en bande : trop bruyants. Je m’enfonce donc seul dans le marais, passage obligatoire pour se rendre à l’étang, en espérant que les trois hommes vont me suivre. Au bout de quelques pas j’aperçois le flanc d’un cerf de Virginie et la queue blanche d’un autre qui s’enfuient silencieusement à mon approche, imaginant que je ne les ai pas aperçus.
La zone est inondée mais pas impraticable et un ruisseau y serpente. Je découvre ainsi plusieurs mares dont certaines sont vertes de végétaux.
Le plouf bref et sonore de l’une ou l’autre grenouille est seul à troubler la quiétude des lieux. Le spectacle est fantastique et l’apparition d’un Bigfoot serait tout à fait opportune. Entretemps il semble que je me sois écarté de la voie menant à la grande mare et mes compagnons sont invisibles.
Je suis un sentier tracé par des vaches, l’empreinte de leurs sabots l’atteste; peut-être va-t-il me conduire jusqu’à l’étang.
Je débouche sur un chemin envahi par les herbes et par la même occasion je quitte le marais et tout espoir de retrouver la grande mare. Je traverse le chemin et m’enfonce à nouveau dans les bois avant de faire une courbe et de sortir sur une grande clairière herbeuse et fleurie. J’y découvre une cage-piège dont la porte est ouverte mais le mécanisme bloqué. Au fond et à l’entrée moisit un tas de grains de maïs. Le nom de famille du propriétaire, ainsi que son adresse, inscrit sur une plaque de métal suggère qu’il est amérindien. Que capture-t-il avec cette cage : un porc sauvage ou un cerf ? Je reprends le chemin que j’avais quitté peu avant et je le reconnais : il s’agit d’un chemin cul-de-sac parallèle au nôtre et qui rejoint la route principale. Mes godasses haute-tige commencent à m’irriter le tibia. Je m’arrête pour renouer les lacets plus bas, la fatigue commence à se faire sentir. J’arrive au chemin principal, mais décide de prendre le Biking trail à travers bois. Je n’y coise que les empreintes d’un coyote et arrive enfin au camp.Seul F. m’y attend. Où sont les 2 autres ? Partis chez les rangers pour signaler ma disparition. Ben voyons ! F.S., le vétérinaire, les appelle pour leur annoncer mon arrivée au camp et leur commander d’aller acheter des bières. Au retour L.B. me confirme bien qu’ils se sont rendus chez les rangers. J’entre dans une vive colère ! Déranger les rangers parce que j’arrive 2 heures après eux est totalement stupide ! « Si tu avais été mordu par un serpent ou que tu t’étais cassé une jambe ou fais une entorse. Et puis même, tu n’aurais pas survécu à passer la nuit dans la forêt ! » C’est oublier que j’ai passé mon enfance et ma jeunesse à la campagne et que les bois ça me connaît ! Je déteste qu’on me prenne pour un « citadin », surtout qu’il m’a déjà fait le même coup il y a 2 ans ! De plus j’avais avec moi une boussole, un couteau de survie et une lampe, dans une zone de la forêt connue. En outre les serpents n’attaquent pas les humains spontanément, on n’est pas au cinéma ! Si je n’étais pas arrivé le lendemain, il était toujours temps d’alerter les rangers….
Cela dit, j’apprends qu’ils ont entendu des coups sur les arbres et ont cru que c’était moi qui leur faisais une plaisanterie. Je démens bien sûr toute responsabilité. Alors qui est l’auteur de ces coups ?
Mercredi 23 mai
Vers 3h du matin, je suis réveillé (quand nous sommes dans la nature nos sens primitifs se réveillent). J’entends nettement les pas d’un bipède marchant avec précaution dans l’herbe autour de ma tente, mais comme j’ai entièrement fermé la bâche extérieure pour éviter que la pluie n’inonde l’intérieur, je ne peux ni voir qui se déplace ni savoir où exactement. Je ne bouge pas et j’écoute les pas, prêt à réagir. Soudain j’entends le zip d’une tirette de tente que l’on ouvre. Quelqu’un tente de pénétrer dans ma tente !! Je crie en anglais : « Go AWAY ! « (« fouts le camp »).
– « Hé ! ça va, ce n’est que moi qui suis sorti ! »
La voix de L.!… Quelle trouille ! Et le zip était celui de sa tente ! Je ne l’ai pas entendu sortir de son abri et je n’ai pas vu non plus le faisceau de sa lampe de poche.
Il me demande le lendemain pourquoi j’ai crié en anglais, est-ce que je crois que le Bigfoot parle anglais ?
Cela dit, les deux autres n’ont rien entendu de cet événement et donc n’ont pas bougé.
Aujourd’hui nous décidons d’aller visiter le grand étang près du camp. L’endroit est de toute beauté. Nous apercevons un petit héron et un serpent qui nage dans l’eau. Les grenouilles chantent autour de la pièce d’eau. A ce propos, dans les arbres autour de notre camp, contrairement aux deux années précédentes, les nuits sont peuplées des coassements des rainettes. Nous continuons par le Biking trail vers la ferme des Mac Kenna puis nous revenons au camp par le même chemin.
Ce soir nous irons manger au Golden Corral de Huntsville.
Jeudi 24 mai
Alors que je reste au camp pour tenter de monter les caméras de surveillance, les autres se dirigent dans la direction du marais afin d’y construire un affût.
Je vais tenter de raccorder le boîtier de la carte d’acquisition externe achetée hier au notebook, seul moyen d’enregistrer les images prises par les trois caméras.
Je place le disque d’installation des logiciels dans le compartiment du lecteur de disques, je lance la procédure d’installation. Tout semble bien se passer mais soudain…échec ! Je recommence. Re-échec ! Je comprends ce qui se passe : le responsible n’est autre que le noueau système d’exploitation Windows Vista, installé d’office sur le notebook. Et je n’ai aucun moyen d’accès à Internet pour aller chercher le driver qui pourrait me tirer d’affaire ! J’enrage. Mais un second problème va surgir : la batterie du notebook montre des signes de faiblesse et je me vois obligé de la brancher sur la batterie de la voiture alors qu’une puissante lampe de deux millions de candélabres est déjà en charge. Cette opération aura pour conséquence d’épuiser à son tour la batterie de la voiture et de nous clouer sur place.
Entretemps les 3 hommes sont revenus de leur construction. L.B. et F.S décident d’y passer la première nuit. Je resterai au camp avec Philippe COUDRAY. Quant au problème de batterie de voiture, nous tenterons demain de contacter Billy, le fermier de l’année passée, et de voir s’il peut nous dépanner.
Il pleut toute la matinée. Des ruisseaux coulent sous la table de notre « salle à manger » (une bâche tendue au-dessus d’une table et quatre chaises), l’occasion de prendre une douche tropicale. L’affût de la nuit n’a rien donné.Dans l’après-midi Philippe et moi partons explorer la forêt au-delà du coupe-feu du pipe-line. Nous ne découvrirons rien, mais entendrons des meuglements de vaches provenant du marais.
Nous avons réussi à atteindre Billy qui promet de nous envoyer quelqu’un. En début de soirée, une voiture se présente, passe devant l’entrée de notre camp et va faire demi-tour au fond du cul-de-sac. Léon sort sur le chemin mais la voiture repasse sans s’arrêter. Sont-ce des braconniers ou autres indélicats qui voyant Léon dans sa tenue verte et l’arrière blanc de la voiture s’imaginent que nous sommes des rangers et décident de ne pas insister?Après le repas du soir, nous faisions des essais avec les puissantes lampes de 2.000.000 de chandelles munies d’un filtre infra-rouge et nous concoctions un système liant une caméra sur une lampe, quand soudain un long hurlement sinistre et haut perché part de la forêt juste derrière notre camp. Un coyote ! Nous en sommes tout retournés intérieurement et nous mettons quelques minutes à reprendre nos esprits. C’est à notre tour, Philippe et moi, de passer la nuit à l’affût de minuit à 6h du matin. Six longues heures à attendre vainement que quelque chose se passe. Derrière nous le marais et devant nous, coupé par le coupe-feu du pipe-line, le marais, encore.
La nuit est mortellement calme, seulement troublée de temps à autre par le plouf caverneux d’une grenouille ou le chant monotone et bref d’une autre (certaines n’émettent épisodiquement qu’un seul croak). J’imagine peuplant le marais, non pas de banales grenouilles et crapauds, mais des êtres mi-grenouille mi-homme et appartenant à un autre monde. Le soleil se lève paresseusement sur la forêt, encouragé par le hululement intermittant du Great Horned Owl (le hibou moyen-duc américain).
Samedi 26 mai
Nous recontactons Billy pour l’informer que nous n’avons pas encore vu la personne qu’il nous avait promis d’envoyer…et nous apprenons que le pick-up qui était passé hier soir était cette personne. Pourquoi ne s’est-il pas arrêté ? Mystère. Billy nous promet de nous envoyer quelqu’un d’autre.
Comme il faut quelqu’un au camp pour attendre notre nouveau sauveteur et comme je souffre d’une ampoule au pied, je décide de rester au camp alors que les autres se rendent en forêt. Une nouvelle tempête tropicale se déchaîne sur la forêt.
Au bout d’une heure elle se calme et j’entends arriver un véhicule. Un gigantesque pick-up rouge s’arrête à hauteur du camp. Je m’avance vers lui et salue le conducteur qui vient nous sauver. Il place son camion contre le flanc de notre voiture et sort les pinces. Au bout de quelques essais le moteur démarre. Je remercie le Texan qui refuse d’être dédommagé pour sa peine. Je laisse tourner le moteur une quarantaine de minutes, question de recharger la batterie.
Trois heures plus tard les autres rentrent au camp, trempés jusqu’aux os.
Dimanche 27 mai
Une question nous tracasse : depuis que nous sommes dans la forêt nous n’avons relevé AUCUN indice de la présence de porcs sauvages, or les années précédentes nous avions senti leur odeur à plusieurs reprises, vu leurs traces de pieds, entendu leurs cris et même découvert un cadavre. De même nous avons croisé peu de cerfs durant nos sorties en comparaison aux deux années précédentes où à peu près à chaque sortie nous en rencontrions, en tout cas aucune biche suitée contrairement à 2005 où nous avions monté notre camp à la même période, souvenez-vous. Justement la visite du ranger Billy ANDERSEN va nous permettre d’éclaircir le mystère des cochons. La première chose que nous lui demandons c’est un endroit un peu plus retiré et moins fréquenté. Il nous indique sur la carte que nous possédons plusieurs lieux qui pourraient nous convenir. Nous avons le sentiment qu’il sait ce que nous venons faire dans la forêt, mais nous nous gardons bien de lui en faire part ouvertement. Puis nous glissons la question sur l’absence de traces de cochons. Il semble gêné et nous répond évasivement qu’ils ont été exterminés avant de revenir sur la première question. Le ranger ANDERSEN parti nous commençons à nous poser certaines questions. Cette extermination a dû avoir lieu en hiver, saison où les sous-bois sont largement ouverts et les cachettes difficiles. Ensuite la forêt a dû être envahie par des dizaines d’hommes, de chiens, de véhicules, de chevaux, sans parler les fusils. Cette effervescence – qui a dû s’étendre sur plusieurs jours, voire semaines – a incontestablement perturbé toute la faune, et pour plusieurs mois sans doute. Ceci expliquant peut-être cela.
Nous nous réunissons et décidons de lever le camp le lendemain, jugeant que nous n’avons plus rien à faire dans cette forêt. Mais où aller ? Une autre forêt texane ou carrément émigrer vers l’Oklahoma ou l’Arkansas, deux des Etats voisins situés au nord du Texas ? L’inconnue immédiate est que nous ignorons si cette extermination a aussi touché les autres forêts texanes ou si elle fut limitée seulement à la SHNF. Dans le doute, L. suggère de nous rendre en Oklahoma ou en Arkansas où il prétend qu’il y a eu des observations récentes. N’ayant pas consulté les témoignages de ces Etats avant le départ, je l’ignore. J’ai donc une réticence à le suivre, mais les autres semblent rallier son opinion. Je cède donc, pas convaincu que nous faisons une opération rentable.
Lundi 28 mai
Nous terminons d’emballer vers midi et nous prenons la route en direction de l’Oklahoma via Dallas, soit quelque 550 kms. Le voyage se passe sans histoire et nous passons la nuit dans un motel du côté d’Idabel.
Problème : nous découvrons que nous n’avons pas de couverture téléphonique pour nos téléphones mobiles.
Mardi 29 mai
Nous reprenons la route et décidons de pousser vers l’Arkansas où, selon Léon, également des observations auraient été faites. Nous nous rendons ainsi vers Mena puis vers Waldron pour enfin entrer dans la Ouachita National Forest. Nous décidons d’installer notre camp dans la forêt, non loin du Lake Hinkle. Les installations du camping public de Little Pines nous permettront de prendre notre douche tous les 2-3 jours. Après avoir visité plusieurs endroits dont un endroit au bord d’un étang où nous repérons des traces d’ours (il s’agit de l’ours noir ou ours américain, appelé aussi baribal. Il est plus petit que son cousin l’ours brun dont fait partie le grizzly), nous nous décidons pour un lieu aux abords d’une prairie de trèfles d’où nous pouvons admirer les hautes collines avoisinantes. Le paysage me fait irrésistiblement penser au nord de la Californie, que j’ai eu l’occasion de vister en 2003 : de hautes collines couvertes de forêts à perte de vue. Le site est encore plus sauvage que la SHNF.
Nous montons le camp. Il a commencé à pleuvoir et la nuit tombe. Soudain une série de grognements provenant de derrière les arbres à une vingtaine de mètres du camp. Un ours ! Nous sommes sur le territoire d’un ours et il manifeste son dérangement, pourtant il fait nuit et les ours sont diurnes, au contraire du Bigfoot qui est davantage nocturne que diurne. Mais il ne se montre pas, sans doute méfiant face à quatre mâles humains.
Je suggère d’entourer le camp d’un périmètre de sécurité constitué d’une corde et d’objets métalliques afin de nous avertir de toute tentative d’intrusion de nuit.
Nous tendons aussi notre bâche au-dessus de notre table, un lieu qui nous abritera en temps de pluie, comme il l’a fait dans la SHNF.
L’installation du camp vient d’être terminée que la pluie cesse de tomber. Malgré l’ours qui grogne, et qui se tient toujours caché, nous irons dormir.
Mercredi 30 mai
Il est 10h30 et depuis des heures il pleut et l’orage gronde, nous confinant dans nos tentes.
10h40, le déluge semble un peu s’apaiser. Pas de visite d’ours cette nuit. Si la pluie se calme ce sera bon pour relever des taces sur le sol trempé. Enfin, la pluie cesse vers 11h. Nous voulons régler le problème de l’ours. Nous allons voir à l’endroit d’où provenaient les grognements et…tombons sur une mare (pas la même que celle où nous avions trouvé nos premières traces d’ours) et sans aucune trace d’ours. Soudain, la Lumière éclaire nos esprits européens : l’ours en question ne serait-il pas plutôt un amphibien, une grenouille-taureau (Rana catesbeiana) ? Cela nous deviendra de plus en plus évident les nuits suivantes, surtout quand nous nous rendrons compte que notre « ours » n’en profitera pas pour venir rendre une petite visite au camp lors de nos absences.
Après un très frugal repas, nous nous mettons en route pour un périple de 4h. Nous descendons la colline derrière le champ de trèfles. Quelques empreintes d’ours mais rien concernant un quelconque Bigfoot. Au fond du vallon coule une creek sauvage. Nous longerons son cours pendant un long moment, puis un ancien chemin dévoré par les herbes. Nous rentrons au camp vers 18 h, bredouilles.
A 19h, nous décidons de prendre la voiture et d’aller faire un tour dans les environs. Nous poussons jusqu’à Mena pour faire le plein et mangeons dans une pizzeria d’une chaîne bien connue de part et d’autre de l’Atlantique. Nous sommes les seuls clients. Nous rentrons au camp vers minuit après avoir fait quelques courses : je devais m’acheter un sac de couchage n’ayant pas emporté le mien, le Texas étant plutôt chaud, et un couteau, le mien s’étant littéralement démonté lors du montage du camp.
Tout au long de cette sortie nous croiserons un tatou vivant (le nombre de tatous écrasés est énorme et ceux-ci jouent un peu le triste rôle des hérissons en Europe), un road-runner que Philippe a photographié (non ! il ne faisait pas « bip-bip – vrooom » et n’était pas poursuivi par un coyote à l’air idiot), un jeune lapin (qui ne disait pas « quoi de neuf, docteur? »).
Vendredi 01 juin
Pour notre promenade quotidienne nous décidons de visiter une autre partie de la forêt. Rien de spécial à signaler lors de cette sortie.
Au retour nous croiserons sur la route une superbe mygale qui, sans s’occuper de nous, vaque à ses affaires. Il s’agit selon moi d’un mâle.
Quand nous atteignons l’endroit où nous avons laissé la voiture, nous entendons des aboiements et quatre chiens se précipitent sur moi : un grand brun et trois petits noirs, des bébés apparemment. Je leur parle et ils viennent tout autour de nous. Je crois aux premiers abords qu’il s’agit d’une femelle et ses jeunes. Nous leur donnons ce que nous trouvons dans le coffre de la voiture : un paquet de tortillas et de l’eau. Ils se ruent sur les tortillas, c’est alors que je me rends compte que la femelle est…un jeune mâle adolescent. Je ne peux identifier le sexe des trois bébés qui ne doivent, selon F. (qui est vétérinaire), n’avoir que 4 mois. Ce sont d’adorables boules de poils noires de style terre-neuve. Ils paraissent tous les quatre en bonne santé. Malheureusement il nous est impossible de les prendre avec nous (comment les ramener en Europe ?) et cela nous attriste énormément, surtout lorsqu’ils se mettent à courir derrière la voiture dans l’espoir que nous les prenions. Heureusement, ce qui nous console, est qu’il y a des habitations non loin et que ce chemin semble assez fréquenté : quelqu’un les prendra bien.
Samedi 02 juin
Notre dernière excursion dans la Ouachita National Forest. Nous nous rendons dans une zone que nous n’avons jamais explorée. Après avoir laissé la voiture à l’entrée du bois, nous prenons un chemin forestier très praticable à pied. Nous croisons une biche qui traverse la route de gauche à droite en bondissant, sans émettre le moindre bruit ! Ca nous fait réfléchir sur la faculté qu’ont les animaux à se déplacer sans aucun bruit. Arrivés à une fourche nous discutons pour savoir si nous allons nous séparer : deux prendraient le chemin à droite (8000 A sur la carte) et les deux autres à gauche (A 8000), jusqu’à la rivière de la Black Fork Fourche ensuite arrivés chacun au bout du chemin nous tenterions de faire une jonction.
Je m’oppose à ce projet, car nous ignorons ce que nous trouverons alors : des forêts impraticables ou des falaises ou d’autres obstacles insurmontables et puis il y a le risque de se croiser sans se retrouver. Nous décidons finalement de continuer sur la 8000 A. Mais nous nous séparons encore en 2 groupes et selon mon habitude je préfère rester en retrait. Philippe m’accompagne alors que les deux autres partent devant. Nous suivons à une bonne distance et finalement nous tombons sur une grande cabane de trappeur en rondins abandonnée, comme dans les westerns, dont les fenêtres sont occultées par des planches. Nous la dépassons et arrivons dans une clairière. Par où se diriger ? Nous ne voyons aucune trace de nos deux compagnons. Probablement ont-ils en toute logique pris la voie rocailleuse qui descend vers la rivière. Mais ne trouvant aucune trace d’eux au bout de 100 m je propose à Philippe de rebrousser chemin et de retourner prendre la 8000A pour les y attendre.
Nous repassons devant la cabane, rejoignons la fourche et nous engageons sur la 8000A. Au bout de la longue route forestière, nous n’avons toujours pas de traces de nos compères et décidons de rebrousser chemin pour rejoindre finalement le véhicule.
Que ne fut pas notre surprise d’y trouver L. et F. qui nous attendaient tranquillement ! Par où donc sont-ils allés ? Et d’apprendre qu’ils étaient dans la « cabane de trappeur » quand nous sommes passés devant. Non, nous n’avons pas entendu non plus leurs appels et le klaxon de la voiture. On pourrait intituler cet épisode : »Comment se louper sur le même chemin ».
Avant de reprendre la route, nous découvrons une petite mante religieuse sur l’antenne du véhicule et nous nous lançons dans une traque aux tiques qui infestent nos vêtements.
Nous devons retraverser les routes forestières pour rejoindre la route asphaltée qui doit nous mener à Waldron où nous décidons de prendre de l’essence avant de rentrer au camp.
Soudain nous entendons un bruit suspect provenant de l’arrière du véhicule, à droite, et nous arrêtons sur le bord de la route. Un pneu crevé ! Il est 18h et nous craignons de ne pas trouver un garage. Nous montons la roue de secours et nous dirigeons vers la première pompe à essence que nous croisons. On nous renseigne aimablement de nous rendre à l’hypermarché Wal-Mart (la plus grande chaîne au monde, ouvert 24/24 heures et 7/7 jours) de Waldron : ils ont un service qui ne s’occupe que des pneus et des vidanges d’huile. Arrivés à Waldron, le service est bien sûr fermé mais il ouvre le dimanche de 10h à 17h ! Nous sommes sauvés !! Pourvu simplement que le pneu de secours tienne le coup sur les pierres des chemins forestiers qui doivent nous mener vers notre camp. L. roulera à une vitesse d’escargot mais, la chance étant avec nous, nous arrivons sans problème au camp. Nous n’étions pas pour autant à la fin de nos surprises et émotions….
Après le repas du soir et après avoir observé les étoiles dans un ciel dégagé, nous étions occupés à discuter des carences de l’enseignement quand soudain un grand bruit derrière les tentes, comme si quelqu’un s’était pris le pied dans une racine et reprenait son équilibre. Nous avons immédiatement braqué nos lampes vers l’endroit, mais rien ! Nous fouillâmes la zone de nos lampes, nous avançant même, mais toujours rien.
Plus de manifestation cette fois.
Qu’était-ce ? Un visiteur nocturne ou une branche de pin morte tombant sur le sol ?
Demain, nous remballons définitivement…
Ce matin nous démontons le camp. Il nous faudra 2h30 pour y arriver, ensuite direction Waldron pour réparer le pneu, ce qui est fait en 3/4 d’heure environ, puis direction le Texas.
Nous arrivons à Conroe vers 20h et nous passerons la nuit dans un hôtel.
Le lendemain nous prendrons notre vol pour l’Europe.Ainsi s’achève Sasquatch 2007.
Le temps est venu d’en tirer bilan et analyse pour un prochain Sasquatch 2008.
Mais ceci sera une autre histoire….Résumons-nous…Nous n’avons, cette année, relevé aucun indice (sauf ce fameux coup sur les arbres) de présence de Bigfoots dans la Sam Houston National Forest, contrairement aux autres années. La cause en serait peut-être les perturbations engendrées par les battues en vue d’éliminer les cochons sauvages. Renseignements pris en consultant les sites dédiés, il y aurait plus de 2 millions de cochons sauvages rien qu’au Texas !!! Faisant de cet Etat le plus peuplé en cochons de tous les USA. On peut en déduire, sans trop se tromper, qu’ils reviendront sous peu dans la SHNF et que de ce fait nous avons du mal à saisir la raison profonde de cette entreprise d’éradication, car il est illusoire de vouloir éliminer la totalité des cochons au niveau de l’Etat et en imaginant que l’on y arrive, vu les méthodes employées pour y parvenir cela causerait des perturbations écologiques graves, sans compter qu’en moins de 10 ans des individus provenant des Etats voisins repeupleront le Texas, le cochon étant un animal plutôt prolifique.
Nous devrons discuter en réunion de l’opportunité de retourner dans la SHNF ou de changer de forêt, tout en restant au Texas. Nous tiendrons de toute façon à l’oeil les témoignages qui seront rapportés cette année. L’autre option est de changer carrément d’Etat. La Californie et les Etats de la côté ouest des Etats-Unis sont quasiment exclus en raison du prix du billet d’avion, pratiquement le double d’un billet pour le Texas. Quant à la Colombie Britannique, on en discutera par ailleurs….mais là, j’ai aussi quelques projets dont je reparlerai en temps opportun.